LA VIE QUOTIDIENNE DES LILLEROIS PENDANT LA GRANDE GUERRE d'après les souvenirs d'Henri WESTRELIN, recueillis et rapportés par Jacques Vincent.

La déclaration de la guerre ayant eu lieu le 2 août 1914 à 3 heures de l'après-midi, M. MATON et moi fûmes réquisitionnés par la gendarmerie pour aller porter les ordres de mobilisation aux communes du canton en auto avec le maréchal de logis et un autre gendarme.

Avant notre départ d'autres gendarmes avaient déjà été chercher quelques indésirables et les avaient mis en lieu sûr.

Puis mobilisé, je partis le 3 août rejoindre mon unité. J'avais un frère qui était au 4è cuirassiers et devait avoir fini son temps au mois de septembre.

Il fut par conséquent maintenu. Je n'ai donc pas vu le reste et j'ai tiré tout ce que je raconte ici de mes parents et amis, tous gens de bonne foi.

Au début de la guerre la cavalerie travaillait beaucoup, aujourd'hui ici, le lendemain 100 kms plus loin. Le 4è cuirassiers est venu à Calonne-sur-la-Lys tenir le front.

Mon frère étant si près de Lillers, prit sur lui de venir dire bonsoir à ses parents et à se réargenter car les permissions avaient été supprimées plus d'un mois avant la déclaration de guerre.

Chemin faisant, il rencontra le fils de M. CACHEUX qui était aspirant, faisait comme lui.

C'est de concert qu'ils firent la route. Voyez la surprise de mes parents qui ne savaient pas où nous étions.

Le 4è Cuirassier fit une charge à Calonne-sur-la-Lys. Un camarade de mon frère eut l'occasion de tuer un ulhan dans la drêve de sa maison.

Ce camarade était nommé LEPLUS. Pour le récompenser , ses officiers lui avaient donné tout le harnachement de l'allemand. Il n'eut pas loin à aller pour le porter chez lui. C'était un beau souvenir. Malheureusement par la suite les allemands ont occupé sa maison et ont sûrement récupéré leur bien.

Arrivée des Anglais.

Bientôt les anglais arrivèrent et louèrent des maisons pour cinq ans.

Les civils les pensaient fous. Ils arrivèrent comme pour une compétition sportive ou pour faire du camping avec des affaires de toilettes confortables : brosses à dents, etc... Ils se sont mis à faire des douches et autres installations pour leur confort.

Puis ils se sont mis à élargir les routes, à aménager les tournants avec les crasses de l'Usine d'Isbergues qui les avait stocké depuis 5 ans.

Les cultivateurs avaient aussi l'habitude d'aller en chercher pour améliorer leurs chemins des champs en les empierrant.

Puis les anglais firent des défenses, abris, etc...

Les tranchées ne pouvaient être faites en profondeur à cause de l'eau (les terrains étant humides), ils les faisaient en surélévation.

C'étaient des murs de terre de 2m d'épaisseur et 2,50 m de hauteur. Ils construisirent une voie ferrée de 1m de large longeant le front....

...Quand les Anglais virent que les chiens battaient le beurre en tournant dans de grandes roues, ils furent offusqués. Ils entraient outrés dans la ferme pour faire cesser le travail du chien. Par la suite l'on put juger qu'ils étaient plus tendres pour les bêtes que pour les gens. Ils firent venir des hindous en plein hiver. Ces malheureux grelottaient comme des chiens. De plus, ils leur interdisaient de rentrer comme eux dans les maisons et interdisiaent aux civils de les accueillir.

Ils les traitaient à coups de cravache. Ces hindoux étaient illettrés, ils étaient employés comme manoeuvres pour tous les travaux d'aménagement et de défense...

...Comme nourriture, ils mangeaient des crêpes et de la viande de chèvre, ne voulant manger d'autre viande. Ils étaient furieux lorsqu'ils voyaient tuer un cochon parles civils...

...Quand le secteur était calme, et les soldats au repos, ils organisaient des jeux, football, rallye-paper, courses. Ils excellaient dans tous les jeux....

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