Mémoire de la Grande Guerre dans la Région d'Auchel, Lillers, Norrent-Fontes.



Que reste-t-il aujourd'hui de la Grande Guerre et de son cortège de victimes ?
A l'heure où les derniers combattants de 1914-1918 ont quasiment tous disparu (1), les monuments aux morts, dressés dans nos villes et nos villages, sont là pour nous rappeler le souvenir de cet effroyable conflit.

Chacun sait combien le Pas-de-Calais fut durement touché par la guerre:

'Dans ce département du Pas-de-Calais, meurtri et bouleversé par la guerre, transpercé de part en part par un front destructeur, creusé de sapes, la terre retournée par les pilonnages d'artillerie et les obus, dans ce département divisé entre une zone que l'on voudrait simplement envahie et qui n'en est pas moins durablement occupée et un arrière constamment sous la menace et sillonné de troupes alliées, où les villes du littoral se transforment en villes de garnison et d'hôpitaux complémentaires, des hommes meurent: certains ont pour linceul leur uniforme et la postérité s'attache à les exalter; d'autre succombent aux privations et aux rigueurs de l'occupation.
Beaucoup de ces hommes sont nés à des kilomètres de là, certains sous un autre drapeau, pourtant tous sacrifient leur vie à leur petite patrie qu'est le département et bien sûr, à la france.
Tous ces morts ne pèsent pas de la même façon dans le souvenir collectif.
Dans l'immédiat après-guerre, l'ombre du deuil obscurcit l'ensemble de la société. Les vivants - les survivants - doivent s'accomoder de leur douleur et de leurs morts.'(2)

Les monunents commémoratifs, contrairement à une idée reçue, ne sont pas nés avec la Grande Guerre. En 1918, le modèle est déjà bien établi.
Le mouvement commémoratif se développe avec la guerre de 1870-71, renforcé par l'hommage rendu aux morts des campagnes coloniales (Tonkin, Cochinchine, Madagascar).
Dans le Pas-de-Calais, une commune sur dix possède avant 1914 une plaque ou un monument en l'honneur des soldats morts pendant la guerre franco-allemande.

On peut citer le monument du Souvenir Français d'Aire-sur-la-Lys (1903), ceux d'Auchel et de Lillers dressés au centre du cimetière communal, le monument d'Isbergues (1905)...
La plupart du temps, ces monuments unissent dans le même sacrifice toutes les victimes des guerres du 19ème siècle: guerres napoléniennes, conquête de l'algérie, guerre de Crimée, guerre de 1870-71, guerres coloniales de la 3ème République...
Lors de l'érection des monuments de la Grande Guerre, certaines communes auront à coeur d'y faire figurer les noms des morts des conflits précédents, en particulier de la guerre de 1870-71 (Ames, Amettes, Isbergues et Molinghem).


(1): Il ne reste plus dans notre région (en 2003) qu'un seul Poilu de la Grande Guerre, M. Charles DURIEUX, un douaisien de 104 ans. Dans le Pas-de-Calais, le dernier survivant est décédé en septembre 2001 (La Voix du Nord du 9 février 2003).
(2): Jean-Michel Decelle (sous la direction de), '1914-1918, Le Pas-de-Calais en guerre, les gammes de l'extrême', p.207 1998.


En vente à l'A.D.C.A pour le prix de 10 euros.
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