On doit à Jean-Louis THILLOY (1726-1792), receveur du comte de Béthune-St.Venant dans la deuxième moitié du XVIIIè siècle, une foule de notes pittoresques et intéressantes, insérées sans ordre chronologique dans les registres de la seigneurie de Lières. Ces notes ont été relevées par M.François CREPIN et publiées dans son histoire de Lières. Une de ces notes a particulièrement retenu notre attention. Elle signale le passage du roi de Danemark à Bourecq en 1768 : 'Le dimanche 16 octobre 1768 le roy de Dannemarck nommé Christian d'Oldembourg septième du nom, a passé au village de Bourecq, revenant d'Angleterre pour aller à Paris, c'estoit un petit megrét avec les cheveux plats, on ne scait de quelle religion il est, sinon qu'on le dit Luthérien. Il n'avoit pas de suite.' L. Thilloy Avant de se rendre dans la capitale, le souverain danois avait effectué un périple dans notre région : Le jeune roi, Christian VII, âgé de 20 ans, avait quitté ses états pour visiter les différentes cours d'Europe. Il profita de l'état de paix dans lequel se trouvait la France, depuis le traité de 1763, pour venir à Paris. Après s'être rendu en Angleterre où il rencontra le roi, son beau-frère, il s'embarqua à Douvres le 15 octobre 1768 vers 12 heures et mit pied à terre à calais vers 5 heures du soir. Il arriva le même jour à St.Omer. Il se rendit à l'abbaye St Bertin et logea dans le quartier abbatial, dit 'des Princes'. Le souverain Danois fut harangué à l'entrée du monastère par le duc de Lévis, gouverneur d'Artois. Celui-ci présida aux présentations officielles et fit rendre au jeune roi les honneurs dus à son rang par le régiment de Piémont qui tenait garnison dans la ville. Le roi reçut les compliments des trois états de la ville, les félicitations du Grand Prieur avec celles de la communauté. Christian VII examina en détail l'abbaye, l'église, le trésor, les cloîtres, les dortoirs, la bibliothèque puis se rendit en voiture au spectacle, ayant à sa droite Mme de Lévis, qui au retour lui fit servir un splendide festin de 600 couverts où figuraient Mgr de CONZIE, évêque de Saint-Omer, Ambroise PELET, grand prieur de St Bertin, M. d'ARNEVILLE, mayeur, M. de CAUMMARTIN, intendant de Flandre et d'Artois. Le premier ministre du roi, très satisfait de l'accueil des audomarois, déclara: 'Partout, Sa Majesté a été traitée avec une grande générosité, mais nulle part, elle n'a vu autant de Goût, autant d'élégance que dans ce premier repas qu'elle a fait en France...' Ce jour-là, la cour de l'abbaye devint publique, une riche illumination, favorisée par un temps superbe, brilla toute la nuit. Le lendemain, 16 octobre, le roi de Danemark, prit la route de Paris, après avoir, dit la tradition, obtenu de M. de Levis la grâce d'un mousquetaire de Ryal-Piémont qui devait être fusillé la journée même, pour crime de désertion avec armes et bagage. Le gracié surnommé 'La Prudence', ce qui fit dire au roi que 'l'intéressé n'avait été guère prudent de déserter'. A Paris, le jeune souverain fut fort bien accueilli à la Cour et à la ville; il jouit du spectacle Pendant le séjour qu'il y fit, on lui donna les fêtes les plus brillantes; il en repartit le 9 décembre de la même année. On peut penser que le roi de Danemark avait déjà traversé notre région deux mois plus tôt. Une lettre adressée à la demande du gouverneur d'Artois aux échevins d'aire fait part d'un éventuel passage du roi sous les murs de la ville aux alentours du 6 août 1768 ... Christian VII devait débarquer à Dunkerque le 5, séjourner dans cette ville jusqu'au 6 pour se rendre ensuite à Calais (et sans doute de là embarquer pour l'Angleterre). En cas de passage du roi, le corps municipal airois était invité à se rendre au grand complet sur les fortifications, accompagné de la garnison qui rendrait les honneurs. Le passage du souverain à Aire s'est sans doute déroulé dans la matinée du 16 avant la traversée du village de Bourecq, notifiée par le receveur THILLOY dans son registre. Sources : - François Crépin, Entre Lillers et Amettes, Lières en Artois, 1981. Annexe : Né en 1749, il succéda à son père, Frédéric V en 1766. Il épousa la même année Caroline-Mathilde, soeur du roi d'Angleterre, Georges III. Il prit en 1770 pour ministre, son médecin, Friedrich Struensée, partisan d'un 'despotisme éclairé' mais au bout de deux ans, ce ministre, que l'on soupçonnait d'avoir une liaison avec la jeune reine, fut disgracié et mis à mort. Toute l'autorité passa alors à la reine douairière, Julie-Marie de Brunswick. La fin de son règne fut malheureuse : Copenhague fut bombardée puis prise par les Anglais en 1807 pour le soutien apporté des Danois à Napoléon Ier. Le roi se vit forcer de s'enfuir de sa capitale. Il se réfugia à Rendsbourg où il mourut en 1808, atteint de démence depuis plusieurs années, ce qui lui valut d'ailleurs le surnom de 'roi fou'.
de tout ce que les Arts offrent de plus beau dans les divers monuments remarquables de la capitale.
- François crépin, 'Auchel, notes historiques' (études et documents N°2, ADCA, 1993).
- Jean Derheims - 'Histoire de la ville de St Omer', 1843.
- Henri de Laplane, 'Les abbés de St Bertin', tome II, d'après le Grand cartulaire de l'abbaye, 1855.
Christian VII, Roi du Danemark.
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