Paul Coutigny - Poète patoisant Norrent-Fontois


Né à Norrent-Fontes le 16 Février 1884. Il est l'aîné d'une famille de trois enfants.

Ses parents, Louis Coutigny et Marie Deremetz, tenaient une petite ferme au hameau de Fontes à l'angle de la Route Nationale et de la Rue des Cressonnières.

Son enfance fut celle de tous les enfants du village : il fréquenta l'école communale juqu'au certificat d'Etudes.

A treize ans, il fut inscrit à Aire-sur-la-Lys au Collège Sainte-Marie où il continua ses études pendant seulement deux ans.

A quinze ans, il revient au village pour aider son père aux multiples travaux de la ferme.

Lors de son service militaire, son frère Marcel, à son tour, vient aider son père, ce qui par la suite lui donnera d'avantage de temps libre.

D'une grande intelligence, doué d'une très bonne mémoire, d'un don d'observation exceptionnel, il s'intéresse à tout : aux beaux-arts, à l'archéologie, au dessin, à la sculpture, à la littérature, à l'histoire régionale, à la poésie même et surtout au patois du village et du canton d'Aire-sur-la-Lys.

Libéré du service militaire, il laissa la ferme aux bons soins de son frère Marcel.

Il étudie de lui-même, lit beaucoup, observe ce qui se passe autour de lui, fait de nombreux déplacements pour découvrir et admirer les beautés de la France.

Profondément chrétien, il créa dans le village avec le Chanoine Tondelier,
doyen desservant la paroisse de Norrent-Fontes, "la Jeunesse Catholique" et pris en charge la rédaction et la publication d'un bulletin paroissial appelé "le Carillon de Norrent-Fontes".

En 1914, il est mobilisé comme sergent chef au 145è Régiement d'Infanterie.

Il est fait prisonnier avec tout son groupe, lors de la prise de la ville de Maubeuge par les allemands.

Dès l'Áge de dix-neuf ans, son don de l'observation et de la reproduction nous donne divers dessins, notamment le portrait de Louis Delattre, colosse bien connu dans la région comme foreur de puits artésiens et surtout comme scieur de long et dans ses loisirs joueur de cartes.

Il créa dans le village une troupe théâtrale pour alimenter les oeuvres de la paroisse et pendant la guerre 1940-1945 pour recueillir de l'argent qui permis l'envoi tous les mois d'un colis aux prisonniers du village.

On y joua de nombreuses scènes et comédies dont il était l'auteur.

Il fut surtout connu dans la région comme écrivain dans l'Echo de la Lys dont il fut éditorialiste sous le nom de Jacques d'Artois; chroniqueur sous le nom de Lydéric dans 'les opinions de mon Voisin', poète en français sous le nom de Jacques d'Artois, patoisant sous les noms de P.Izan, de Batisse et de Polyte.

Après le décès de ses parents, Paul Coutigny se maria à Mont-Bernanchon en mai 1931 avec Mademoiselle Aline Marie Leroux ; il quitta Norrent-Fontes pour habiter rue du Docteur Baillet à Molinghem.

Il nous laissa aussi la monumentale statue au pied de la chapelle et de la source de la Sainte qui donna son nom à la ville d'Isbergues.

Il mourut à Norrent-Fontes, son village natal, le 25 décembre 1958, âgé de 74 ans.

Il repose auprès de son épouse au cimetière de Robecq.

André Bavière.

L'histoire patoisante "ENN' PARTIE D'PEQUE", est parue dans l'Echo de la Lys, le 2 Juin 1939, soit trois mois avant le début de la guerre, à l'époque de l'annexion de la tchécoslovaquie et de l'alliance germano-italienne.

ENN' PARTIE D'PÊQUE

Hitler et pis s' n'ami Goerin
Y péquott'insonne eddins l'Rhin.
Yéttott assis d'sus l'bord dé l'rive;
Juste in faç' d'eux in goss' futé -
Comm' sont ches goss' in France - y arrive
Et s'met à péquer d'sin côté.

Hitler, c'jour-là, n'avot pont d'chance !
D'pis in quart déjour, y avot biau
D'toudis jechter s' n'hame'çon dins l'iau,
Comm'si y étott mis in défiance,
Ches démons d'pichons
N'mordott'pont.

Y avot biau grogner, canger d'plache,
Armett' des nouviaux asticots -
Pinsez si nous homme y étot mache,
Y avot pont cor prin in percot...
Hein ? pinsez-vous si cha suffoque,
S'appéler Hitler,
Etr' führer
Et n'avoir pont cor prin
Même el' mitan d'éne épinoque;
N'avoir m^me pont vu in pichon
Fair' barloquer ch' mécant bouchon...
Mais chou qui l'foutot d'pus in rage
Chétot d'vir ech'gosse à l'ouvrage
In face ed'li. Car y in prénot
Li, des pichons, tant qu'y vollot.

A la mi, Hitler in colère,
Comme dins ches jours
Du qui fait ses fameux discours,
Y dit à Goerin: 'L'affaire
Ne m' parait pont claire,
Vas-to donc vir comidint qu'y fait
Pour prind' tant d'pichons ch'sal' français.

V'la donc Goerin qu'iarrivé
Comm'cha sur l'aut'rive
Et nous gros boche y'n'arvient pont
D'vir in grand panier plein d'pichons,
Et ch'goss, continuot d'in prinde...

- Pou' n'avoir tant qu'cha, c'mint qu'té fais?
Qui li d'mind' Goerin in français...
- Commint qué j'fais? Mais comme tout l'monne.
J'intique in vier eddins ch' l'ham'çon.
Jel jett' dou qué l'iau est perfonne,
A chaq' caup, j'arsaque in pichon...
- Mais, ô fégeons comme cha, nous autes,
Malgré cha, o n'somm' pas foutus
D'in prinde in seul !

-Mais ch'est d'vous faute.
-Hein? quo? Ch'est d'nous faute desqueulles,
C'mint volez-vous qu'y s'faitt' péquer?
Gna pu parsonne, ed vous côté,
Qui'a cor el drot d'ouvrir es' gueule !!!

P.IZAN



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